09 février 2014

Un métier dangereux

Il a déjà été fait référence dans ce blog à la polyvalence nécessaire pour travailler dans un service technique communal. Un autre aspect de ce métier est sa dangerosité, diffuse mais réelle.

Nous sommes exposés aux risques que courrent tous les travailleurs qui utilisent des outils (coupures, brûlures, usage de produits chimiques), mais également à ceux spécifiques à la présence sur la voierie (proximité des véhicules, traversées innombrables, inhalation des gaz d'échappement et des poussières...).

Le port de charges lourdes est fréquent, ce qui nous expose au mal de dos et aux risques liés à la manipulation de ces charges (basculement, écrasement).

Lors de la collecte des déchets verts, c'est le risque de se piquer sur des épines qui traversent les gants, pour le ramassage des déchets sur voie publique, c'est le risque de se piquer ou couper sur des bouts de verre, de ferraille, ou des aiguilles. Si on ne voit pas vraiment d'aiguilles à Chalifert, on a par contre vu plusieurs fois des matériels médicaux souillés (bandelettes de glycémie), même dans les déchets verts ! Pour le risque d'infection, on est servis...

Travailler dehors, c'est bien, mais c'est aussi souvent dur et risqué. Dire qu'on est à l'air libre, est vrai, dire qu'on est à l'air pur ne l'est pas. L'Est parisien, du fait des vents dominants, contient déjà des polluants dilués d'une bonne part de l'Île de France, mais travailler dans les rues, c'est être exposé aux émanations non encore diluées des véhicules qui passent.
Beaucoup plus vicieux: le soleil ! Notre métier a été reconnu comme présentant un risque élevé de cancer de la peau suite à l'exposition répétée et prolongée aux ultraviolets solaires.
Le travail en extérieur, c'est la chaleur en été, avec le risque de déshydratation, le froid et l'humidité en hiver, le chaud et froid au printemps et à l'automne, le tout avec les risques de maladies associées.

Le travail en espaces verts n'est pas sans dangers: rencontres avec des animaux (rongeurs, insectes, sangliers...), travail en hauteur, avec des engins dangereux (tronçonneuse), exposition au risque de chute de branches...

Une spécificité de notre travail est de devoir intervenir dans toutes sortes de situations, notamment en dehors de l'ordinaire: arbres couchés, fils tombés à terre, déblaiements d'obstacles. Nous travaillons souvent dans des conditions incertaines, pour ne pas dire périlleuses, on dira que ce sont des situations risquées. Un bon exemple est la sécurisation de la structure de l'ancienne bibliothèque, qui a commencé à s'effondrer après les opérations de désamiantage. Il nous a fallu étayer, et donc travailler sous la charpente instable, entre les sacs de déchets contaminés.

Plus grave, toujours dans ce même bâtiment, lors de la préparation à la démolition, nous avons décollé les dalles de moquettes. Ce n'est que plus tard que des analyses ont montré que la peinture de sol, arrachée avec la colle, contenait elle aussi de l'amiante. Le désamiantage a donc été modifié pour retirer aussi cette peinture, mais nous y avons été exposés. Ce n'est la faute à personne dans ce cas car personne ne soupçonnait la présence d'amiante dans la peinture, mais c'est un fait, le risque s'est avéré.
Par contre, nous sommes parfois exposés au "risque amiante" parce que des salopards, et le mot est volontaire, déposent des déchets en fibrociment, soit aux encombrants, soit dans la nature et que c'est à nous que revient le "privilège" de ramasser ce poison.

Encore plus grave: les agressions.
Les insultes sont monnaie courante de la part des automobilistes intolérants. L'occupation de la voierie pour nos interventions est inévitable et nous essayons de la limiter mais il y a un minimum incompressible pour notre sécurité, et encore, il n'est pas toujours respecté puisque les "écrasements" volontaires des protections ne sont pas rares.
Ce sont aussi des Chaliférois qui nous prennent à partie, le plus souvent pour des raisons qui ne nous concernent pas, nous sommes des cibles faciles. Ce blog montre pourtant que nous ne restons pas inactifs, contrairement à la triste réputation de la profession.

Ce sont enfin des gens de passage en voiture qui commettent les actes les plus graves: Jean-Pierre et Jean-Claude ont reçu un pétard dans les jambes il y a quelques années, Kévin s'est récemment retrouvé pointé avec une arme à feu ! Vraie ou factice, peu importe, c'est inacceptable.
Ce ne sont que quelques exemples de la face cachée de notre métier. Toutes les municipalités font leur possible pour offrir un cadre de vie sûr aux habitants, mais ces efforts ont un coût humain. Il serait vraiment apprécié que les habitants, en retour, fassent en sorte que ce coût ne soit pas exagéré en évitant d'augmenter les risques "naturels" du métier. Ne pas rejeter de produits dangereux car on a bien assez de menaces qui pèsent sur nous...