15 mars 2014

Les phytos communaux !

Si vous suivez l'actualité de la commune et lisez les comptes-rendus des conseils municipaux que nous plaçons dans les panneaux d'affichage, vous aurez peut-être remarqué une délibération concernant la réduction de notre usage de produits phytosanitaires sur le territoire communal. Qu'en est-il exactement ?

Les produits phytosanitaires, au sens large de la définition, comprennent les divers pesticides et les désherbants, mais pas les engrais. S'ils ont tous leur utilité, leur usage a malheureusement des effets secondaires nocifs pour l'environnement, et donc pour nous tous. Le "Grenelle de l'environnement" a mis en avant la nécessité d'une prise de conscience généralisée suivie d'actes concrets de diminution de ce type de produits.

Au niveau des collectivités, cela passe par une mise sous condition d'adhésion à une démarche de réduction des phytos pour pouvoir bénéficier de subventions sur les travaux d'adduction d'eau potable et d'assainissement d'eaux usées. Le procédé est plus proche du chantage que de l'incitation, et surtout bien ignorant de la réalité en ce qui concerne Chalifert.

Tout le stock phyto du service.
Avouez que vous en avez plus !

La photo de cet article montre notre stock de ces fameux produits: c'est bien moins que pour beaucoup de particuliers, et la plupart ne servent pas. Dans le lot: une bouteille d'engrais (hors phyto, donc) et divers produits qui dorment gentiment dans leur emballage car peu, si ce n'est jamais employé. Le bidon blanc est un désherbant professionnel qui représente la consommation moyenne en 2012 et 2013 pour toute la commune. C'est déjà extrêmement peu, mais si on compare avec la quantité de 0 (zéro) employée en 2010 et 2011, cela montre que Chalifert n'a pas grand chose à se reprocher en la matière et que la démarche de réduction des quantités sera intéressante à voir... Les boîtes de désherbant en poudre sont des produits grand public, tellement dilués à la fabrication et tellement inefficaces que nous ne les avons pas entièrement utilisés.

Nous avons même essayé d'être à la page, en testant le désherbage thermique, vous nous avez peut-être vus traîner une bouteille de gaz et un brûleur sur les trottoirs de la ville. La technique est efficace si on l'applique très régulièrement. Malheureusement, elle demande beaucoup de temps et ne convient pas pour des grandes surfaces comme les trottoirs non revêtus de Chalifert. Le désherbage thermique aura probablement un avenir moyennant quelques progrès, tant sur la voirie que sur le matériel et l'organisation de son utilisation. Cela détruit immédiatement la partie visible des herbes (mais pas les racines, donc ça repousse), mais également les graines, donc ça limite la prolifération. Ça ne pollue pas l'eau et ne porte pas atteinte aux insectes comme les abeilles. Il y a des difficultés comme la flamme qui peut dégrader les matériaux plastiques pouvant être dégradés (gouttières, gaines de câbles) ou les matériaux durs (enrobé, béton, revêtements muraux), le vent qui dissipe fortement l'énergie calorifique, la fumée dégagée, et la génération de gaz à effet de serre à partir de gaz fossile, qui n'est pas des moindres défauts mais pourrait être contourné s'il existait une filière de gaz naturel issu de la méthanisation, un autre sujet bien vaste.
Il existe des alternatives, actuellement marginales, qui ne demandent qu'à être développées, peut-être qu'on les verra un jour à Chalifert.
désherbeur thermique pro

Sur le front des insecticides, nous n'avons qu'un vieux fond de bouteille d'anti-pucerons pour rosiers. Il nous est difficile de compter sur les coccinelles, celles-ci étant victimes d'une variété d'origine étrangère (de couleur orange) qui les remplace mais pas dans le bon sens. Ces bestioles ont établi des colonies sur les murs et fenêtres château et, centre de loisirs, cantine et école oblige, la lutte ne s'y fait qu'avec un produit bio100% végétal.
Ah, oui, il y a des phytos biologiques sans dangers, il faudra les réduire aussi ?
    Toujours dans le domaine des insectes, il y a une situation où nous n'avons pas eu le choix: l'élimination d'un nid de frelons asiatiques près du château. La dangerosité de ces insectes a imposé leur destruction rapide. Ce n'est qu'un acte ponctuel et non pas une pratique régulière susceptible d'être réduite par un programme qui n'a pas pris la peine de conduire un diagnostic de la situation, ni même un audit des pratiques locales, pour passer directement à des mesures dont l'efficacité et même l'applicabilité laissent dans l'expectative.

Le ton de cet article est volontairement narquois, car s'il y a certainement des communes qui utilisent couramment des produits chimiques pour entretenir leurs espaces verts, à Chalifert, on en est plutôt à la débroussailleuse et à la binette, donc on rigole !
Pourquoi on utilise du désherbant certaines années et pas d'autres ? La réponse est très simple, quand on n'en utilise pas, les herbes prolifèrent au point qu'on ne parvient plus à les gérer. Le traitement herbicide n'est, en ce qui concerne Chalifert, utilisé que pour les endroits où le traitement mécanique ou manuel ne suffit plus ou n'est pas applicable ( recoins, pied de poteaux, allées gravillonnées (cimetière, trottoirs). L'application se fait avec un pulvérisateur à dos équipé d'un déflecteur limitant la diffusion du produit aux endroits voulus.

Vous pouvez donc être assurés que si Chalifert subit une pollution par des produits phytosanitaires, le service technique se trouve bien bas dans la liste des utilisateurs de ces produits et que la délibération citée au début de cet article n'est pas une sanction contre un éventuel abus mais l'acceptation forcée d'un critère d'éligibilité à des subventions.